
Chapitre I
Le vrai monde

D'ici on voit tout...
Il y a bien longtemps, cette planète avait tout ce dont nous avions besoin. Toutes les bonnes choses à profusion, et la plainte était devenue facile. Après tout, c’est bien connu, le confort rend faible… Pourquoi vouloir le changement quand la position dans laquelle nous sommes est parfaitement agréable ? Eh bien, ce sont des questions que ne se posent pas les gens de manière générale. Ils préfèrent continuer leur vie tant que cela ne les affecte pas.
Depuis que je suis petit, j’ai l’impression d’être le seul à voir tout cela, le seul à me poser des questions sur l’espace qui nous entoure, sans pour autant tomber dans des histoires douteuses…
Un… un… Je ne suis vraiment le seul à me rendre compte de l’état même de cette planète ?
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C'était il y a 13 ans, si je ne me trompe pas. J'étais alors âgé de sept ans quand j'ai eu ma première vision. Un mélange de rêve et de réalité, le ressenti est des plus étranges. Une petite fille qui m’observe au loin et, par moments, fait de légers ricanements sournois. Par manque de confiance en moi, ou plutôt en cette vision, je ne me suis pas posé plus de questions que ça sur cette drôle de fille. J'ai préféré oublier, comme chaque enfant de mon âge.
L'enfance... Quelle source d’innocence ... Une époque qui fait rêver.
**8 ans plus tard**
Alors âgé de quinze ans, j’avais pour habitude, le week-end, de sortir avec des amies. Mais alors que nous jouions dans les bois, j’ai entendu une voix de fille qui ressemblait vaguement à celle que j’avais entendue étant petit, une voix à la fois douce et glaçante.
Je me suis dirigé vers elle, imaginant revoir cette fille que j’avais vue étant petit. Arrivé sur les lieux, la voix s’est arrêtée, il n’y avait rien, si ce n’est un grand caillou au milieu de quelques arbres. J’ai été appelé par mes amies quelques secondes après et j’ai décidé de leur parler de cette voix mystérieuse, je leur ai même raconté ce que j’avais vu étant petit, mais ce que je redoutais arriva.…
Personne ne m'a cru, pire encore, j'ai même subi des moqueries de leur part et d'autres enfants que je connaissais. Donner ses secrets n'est pas souvent la meilleure solution, si nous voulons avancer, il faut parfois le faire seul pour éviter de se décourager à cause des autres. Toute ma vie, on m'a répété qu'avancer à plusieurs permettait d'aller plus vite. J'y ai cru un temps, j'étais d'accord et j'y croyais fermement, mais je me rends compte que ce n'était pas mon propre jugement, mais plutôt une sorte d'héritage des autres, ce n'était pas ma pensée, mais bien la leur.
Mon père détient une très grande bibliothèque ouverte au public, qui s’étend sur près d’un kilomètre. Je suis certain que les réponses aux questions sont cachées dans ces livres, il doit bien y avoir des histoires similaires… Mais… saurons-nous où…
Plus les jours passaient et plus je me posais des questions sur cette histoire. L’origine même de toutes ces visions serait-elle la folie ? Je ne peux le savoir moi-même.
J'ai entendu une vieille légende disant que des sorcières, nommées les Witch, seraient cachées dans une forêt très loin d'ici. Des femmes sorcières qui doivent sans doute savoir plus que toute personne vivante sur cette planète, pourtant elles sont prises pour des monstres assoiffés de sang. Se trouvant dans la forêt des mille malheurs, elles se nourrissent de chauves-souris et de rats. Tout le monde redoute cet endroit et tous les accès y sont bloqués, mais si ce n'est qu'une légende, alors pourquoi bloquer les accès à cette forêt ? Je ne peux y aller, je ne peux pas y entrer seul… sauf si je connais quelqu'un qui peut me faire entrer…
Une certaine fille nommée Ema, qui habite près de chez moi, dit avoir un moyen d'entrer dans cette forêt. J'ai rencontré cette fille un jour où je me trouvais seul ; elle est venue me parler et me dire que la solitude n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire. Elle m’a raconté des histoires au sujet des sorcières, histoires que je n’avais pas prises au sérieux au début. Elle disait qu’elles étaient en réalité incomprises et que les gens avaient peur parce qu’elles ne sont pas comme tout le monde. C’est le grand problème des personnes vivant ici. Personne ne respecte personne et ils ne veulent pas changer d’avis. J’ai l’impression que pour faire changer l’opinion des gens, il faut simplement être majoritaire, à croire que les gens ne peuvent pas prendre de décisions eux-mêmes… Comme s’ils n’avaient pas leur propre conscience… On dirait simplement qu’ils sont programmés pour faire une vie déjà tracée et réfléchie, mais pas par eux. J’espère, moi en revanche, être acteur de ma propre vie ; je ne peux me dire que je suis comme eux, de simples robots programmés. Ils me rappellent un jeu, Vortex, jeu dans lequel nous incarnons un petit robot qui, à l’inverse des autres, prend conscience par une manière encore inconnue.
Nous sommes dans un monde encore inexploré, et pourtant nous voulons déjà contrôler des zones, par peur du danger ou autres idées farfelues. Si les zones explorées étaient exprimées en pourcentage, nous ne serions même pas à deux pour cent ; cette planète est si grande que des mystères sont forcément cachés partout autour de nous. Notre race, les « Ziome », est visiblement une race qui aime vivre entre les siens et ne quitte que peu la zone où elle a vu le jour.
Où est donc passée l'envie d'explorer ? Où sont partis les rêves d'enfant ? Nous sommes obligés de rester au même endroit pour être sûrs de ne pas perdre la vie dans une grande aventure.
Je refuse de rester au même endroit et je refuse de fermer les bras à un monde si vaste et inexploré.
**Les jours passent et notre petit explorateur n'arrive toujours pas à quitter sa maison pour aller parler à sa voisine. Il n'a pas osé parler de cette histoire à ses parents et n'a pas non plus évoqué son désir de partir pour vivre sa vie. Plus il essaie d'aller la voir, moins il y arrive ; il finit par mettre de côté tous ses plans et idées concernant cette histoire. Les années s'écoulent comme de l'eau, le temps passe… Quinze ans plus tard, ayant presque oublié ces idées d'enfant, il habite toujours au même endroit et n'a pas bougé, comme tous les autres Ziome. Un soir de pluie, alors qu'il se baladait seul au milieu d'une petite forêt, pensif, il s'exprime à haute voix…**
~~Bruit de pas sous la pluie~~
Zac : “ Je me souviens du moment où je voulais vivre la belle vie et partir en tant qu'explorateur, découvrir le monde entier… Pourquoi mon envie a-t-elle disparu si vite ? Pourquoi ne suis-je pas devenu celui que je voulais être ? “
??? : "Alors, comme ça, tu n'as pas changé depuis tout ce temps."
Zac : "Qui... Qui est là ? Je deviens fou, c'est fini !"
??? : "Je suis juste derrière toi, calme-toi."
**Zac se calme légèrement avant de se retourner doucement.**
Zac : "Ema ?"
Ema : "Tu viens souvent par ici ?"
Zac : "Moi ? Euh... Oui, c'est juste pour être un peu seul."
Ema : "Je vois. Tu as toujours envie de partir ?"
Zac : "Plus jeune, je voulais absolument partir, je ne voulais surtout pas ressembler aux gens d'ici... Pourtant, je suis devenu celui que je ne voulais pas être."
Ema : "Tu penses qu'il est trop tard pour vivre la vie que tu voulais ?"
Zac : "Oui. Il est trop tard maintenant..."
Ema : "Tu n'as que 30 ans, tu as toute ta vie devant toi encore. J'ai l'impression que tu baisses les bras très vite. Tu n'as plus envie de partir ? Ton envie n'est plus présente ?”
Zac : "Si tu es si motivé, alors pourquoi ne pas être partie toi aussi ?"
Ema : "Je ne devais simplement pas partir aussi tôt, je n'avais pas la même envie de partir que toi au début de ta vie."
Zac : "Et tu proposes quoi ?"
Ema : "Très simple, prends tes affaires, on part à l'aube."
Zac : "Attends quoi ? Tu es prête à partir maintenant ?"
Ema : "Oui ! Tu ne vas pas me dire que tu comptes rester ici toute ta vie ? C'est ta vie ou celle des autres ?"
Zac : "Entendu, on se rejoint ici à l'aube."
Ema, d'un sourire, lui affirme qu'il ne va pas regretter son choix.
**Seriez-vous prêt(e) à perdre toute votre famille et tous vos amis pour vivre une vie incertaine ? C'est le choix que vient de faire Zac en acceptant la proposition d'Ema.**